Jean-Claude Carrière - Les années d’utopie - D. Seyrig

Jean-Claude Carrière

Les années d’utopie

1968 – 1969

New YorkParisPragueNew York

Editions Plon – 2003

 

Quel âge pouvait-il avoir en 1968? La trentaine ? Oui, il est né en 1931. Donc il avait 37 ans.

Il se présente comme ayant été un petit paysan du sud de la France qui a été ému à l’écoute d’une musique de Louis Armstrong (p 172). Plus tard, il a écrit le scénario de « La Piscine », film tourné avec Romy Schneider et Alain Delon (p 70). Il a traduit José Bergamin* (p 83). Il a écrit un film pour Brigitte Bardot** (p 107). En 1968, il prépare une pièce de théâtre, « L'aide-mémoire » qui sera mis en scène par André Barsacq. C’est une comédie avec Delphine Seyrig (Elle) et Henri Garcin (Lui). Mais Delphine Seyrig sera happée par les manifestations et le mouvement de Mai 68. Cela retardera la création (p 67).  Il a joué pour Bunuel le rôle de curé, dans la « Voix Lactée », tourné en 1969 (p 111). Il a participé au film « Grand Amour »*** de Pierre Etaix dont le tournage débute en 1968 (p 113). En 1986, il écrit le scénario du film « L’insoutenable légèreté de l’être »****.

Dans ce livre, il explore le contexte du film « Taking off »*****, écrit avec Milos Forman. Allan Ginsberg dira que c’est le seul témoignage juste de ces années-là (p 145). « C’est le seul film donnant une idée juste de ce moment de l‘Amérique ». Peut-être parce qu’ils ne sont pas américains.

Pour Jean-Claude Carrière, des idées nouvelles sont nées et nourriront les décennies à venir : « l’écologie (définition et besoin), la conception volontaire des femmes (= accès à la contraception), la fin de la peine de mort, la dignité des homosexuel-le-s (et le droit de parler). » (p 73)

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Delphine et Carole, insoumuses.

À travers l'amitié entre l'actrice Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos, leurs luttes et leurs images subversives, un hommage vibrant au féminisme "enchanté" des années 1970, joyeuses et foutraques.

 

Quelques mois avant sa mort, en 2009, la vidéaste Carole Roussopoulos a souhaité faire le portrait documentaire de son amie et compañera féministe Delphine Seyrig. Un projet inachevé, repris par ses enfants Alexandra et Géronimo, et sa petite-fille Callisto, réalisatrice de ce documentaire. Carole Roussopoulos fut la deuxième personne à acquérir une caméra vidéo en France après Jean-Luc Godard. Elle initie les femmes à ce média lors de stages auxquels s'inscrit Delphine Seyrig. "Inculte comme j'étais, je ne savais pas qui c'était", s'amuse Carole. "Très vite, Delphine a compris l'utilisation subversive de la vidéo. On est devenues copines et on a commencé à travailler ensemble." Habituée à jouer sous la direction des hommes, la comédienne voit dans cet outil la possibilité "d'avoir une expression à soi". Il permet aussi à ce duo frondeur de raconter les luttes des femmes et de leur donner la parole dans de nombreux documentaires. Joyeux et foutraque On connaît la brillante carrière de l'actrice Delphine Seyrig. Ce film dévoile un pan méconnu de sa vie : son tempérament irrévérencieux et son soutien passionné au combat féministe. Dans un foisonnement d'images à la croisée de l'histoire, de la poésie militante et de l'intimité défilent la révolte des prostituées de Saint-Nizier, les copines du MLF, Jane Fonda révélant l'envers brutal du star-system, Delphine Seyrig s'énervant contre le procès fait à la "sexualité vagabonde des femmes" par un ministre. Le documentaire replonge dans les seventies, époque d'activisme virulent, joyeux et foutraque, mais aussi de misogynie pépère, car peu contredite à la télévision. Un hommage vibrant à l'amitié, au féminisme rigolard et à la vidéo comme vecteur d'émancipation, qui incite à redécouvrir l'œuvre documentaire des deux "insoumuses". Delphine et Carole, insoumuses Documentaire de Callisto Mc Nulty (France, 2017, 1h10mn) Disponible jusqu'au 11/06/2021

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Page 26 : la photographe Mary Hellen Mark :

 

« Une jeune et belle photographe, un jour, frappa à notre porte. » Elle avait vingt-sept ou vingt-huit ans.

 

Mary Ellen Mark, née le 20 mars 1940 à Philadelphie et morte le 25 mai 2015 à New York, est une photographe américaine Elle est surtout connue pour ses reportages au travers des États-Unis, dans lesquels les portraits occupent une place prépondérante. Elle fait partie de l'agence Magnum entre 1977 et 1982

 

Page 30 : Andy Warhol et ses deux muses : Viva et Ultra Violet :

 

Avec Milos Forman, Jean-Claude Carrière visitera la « Factory » d’Andy Warhol où ils rencontreront Ultra Violet qui deviendra leur amie. « Elle est l’auteur (= autrice, NDLR) d’un livre très perspicace sur ces années-là : « Famous for fifteen minutes, My Years with Andy Warhol » (= Quart d’heure de célébrité, ma vie avec Andy Warhol, 1990, NDLR).

 

ULTRA VIOLET

Les artistes pour elle ont une mission, ils doivent prévenir, guérir, enrichir. Aujourd'hui, des musées internationaux exposent ses oeuvres, notamment aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Pologne et en Tchécoslovaquie. (C. Roos-Valentin)

 

Isabelle Collin-Dufresne, connue sous le nom Ultra Violet, est une artiste franco-américaine, née le 6 septembre 1935 à La Tronche en Isère et morte le 14 juin 2014 à New York. Muse de Salvador Dalí, elle devient l'égérie de Andy Warhol.

 

Ultra-Violet collabora entre 1963 et 1971 avec Andy Warhol, elle fut également aux côtés d’autres artistes de renoms tel : John Chamberlain, John Graham, Edward Ruscha, Salvador Dali. Elle va apparaître dans de nombreux films. C’est la période (années ‘60’) de la contestation, Ultra-Violet d’origine aristocratique va s’insurger contre sa classe sociale. Elle est une iconoclaste. Elle est également très connue par son livre : FAMOUS FOR FIFTEEN MINUTES, my years with Andy Warhol. Un opéra FAMOUS a même été créé sur l’histoire de sa vie. (T. Jan)

 

VIVA :

 

Susan Hoffmann, alias Viva, est une actrice américaine qui détrône en 1969 Ultra Violet comme muse principale d'Andy Warhol. Elle apparaît dans un grand nombre de ses créations cinématographiques.

 

 

Page 61: le cinéma est un besoin fondamental :

 

« Mai 68 » touche le Festival de Cannes où d’importants débats autour du cinéma auront lieu.

« On affirma que le cinéma constituait un besoin fondamental de l’espèce humaine. Comment avait-elle pu s’en priver dans les siècles passés ? »

 

Page 63 : les filles en 1968 :

 

A Paris, en mai 1968, Jean-Claude Carrière constate que les filles « se donnaient avec  une générosité sans exemple, comme s’il s’agissait de la dernière nuit, comme si le sexe (…) participait au mouvement collectif. »

 

Page 75 : Margaret Mead et le système éducatif :

 

Le mouvement de Mai 68 naît parmi les étudiant-e-s qui contestent le système éducatif, jugé « doctrinal, magistral, glacé, héréditaire ».  Avaient-ils lu les travaux de Margaret Mead ? Leurs revendications contradictoires de liberté et d’éducation se maintiennent  toujours de nos jours.

 

Qui est Margaret Mead ?

 

Elle est anthropologue et américaine (1901-1978). Fille d'une sociologue et d'un prof d'économie, elle est une universitaire à la fois respectée et controversée. Elle influença grandement les mœurs sexuelles des Occidentaux. Formée à l'université Columbia par Franz Boas, Margaret Mead a contribué à populariser les apports de l'anthropologie culturelle aux États-Unis et dans le monde occidental.

Elle mène des travaux comparatifs entre le système éducatif américain et celui de Nouvelle-Guinée.  Mead étudie les doux montagnards Arapesh, les belliqueux Mundugumor. Elle est citée par Bourdieu. Elle a écrit « Moeurs et sexualité en Océanie », « Adolescence à Samoa », 1928, et « Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée », 1935.  

« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de gens engagés peut changer le monde. En fait, c'est ainsi que cela s'est toujours passé. » Margaret Mead.

 

Page 100 : Véra Chytilova, réalisatrice tchécoslovaque :

 

Pendant son séjour à Prague, Jean-Claude Carrière rencontrera des réalisateurs-trices tchécoslovaques dont Véra Chytilova « dont Les Petites Marguerites est un étendard du jeune cinéma tchécoslovaque ».

 

Věra Chytilová, née le 2 février 1929 à Ostrava, en Tchécoslovaquie, et morte le 12 mars 2014 à Prague, est une réalisatrice et scénariste tchèque.

Elle est considérée comme l'une des réalisatrices de la Nouvelle Vague tchécoslovaque. Elle a été avec Miloš Forman et Jiří Menzel l'une des grandes figures de l'École de Prague des années 60. À l'image de la rébellion des jeunes pensionnaires, Vera Chytilová se rebelle par les moyens du cinéma, adoptant un style libre, direct et original. Elle fut une pionnière du cinéma féministe.

Elle poursuivra sa carrière durant 51 ans.

 dai.ly/x17gque

Début

LES PETITES MARGUERITES

de Vera Chytilova

 

Page 148 : Jan Birkin a connu moins d’hommes que sa mère :

 

Dns ses interviews, Jane Birkin déçoit les journalistes en reconnaissant qu’elle n’a eu que quatre ou cinq hommes dans sa vie, contrairement à sa maman qui a eu une multitude d’amants. Les années d’après-guerre ont été des « années de chaos européen (qui) ont multiplié les contacts souvent brefs, et (…) « libéré » les femmes plus radicalement que le mouvement des hippies de 1968 ».

 

Page 151 : Betty Page :

 

Jean-Claude Carrière nous présente une image idyllique de Betty Page : « rien de véritablement scandaleux ne vit troubler sa vie et elle ne montra jamais la pointe d’un sein sur une photographie publiée ».

 

Ce n’est pas exactement l’image que je m’en suis faite après le visionnage d’une émission à la télévision.

 

Qui était Betty Page ?

 

Bettie Mae Page, née le 22 avril 1923 à Nashville dans le Tennessee et morte le 11 décembre 2008 à Los Angeles, est un mannequin américain, célèbre dans les années 1950 pour ses photos de pin-up mais également pour nombre de clichés fétichistes. ‘Wikipédia)

D’abord secrétaire à New York, sa carrière de pin-up s’envole grâce aux clichés d’Irving Klaw. « De modèle nu lors de photocalls organisés pour les érotomanes, elle gravit les échelons, faisant la couverture de publications coquines, se prêtant au tournage de petits films amateurs orientés bondage... » (Source La Dépêche).

 

Les photos de Betty Page ont été très controversées. Particulièrement celle où on la voit suspendue entre deux arbres, les bras en croix et les pieds pendants. Mais aussi celles qui évoquent la pratique du bondage. Ses fans l’admirent en guêpière, en bunny, en infirmière ou en diablesse, entourée de guépards. Elle a appris à vendre son corps.

"Je ne crois pas que le Seigneur désapprouve la nudité, disait Betty Page. Après tout, il a installé Adam et Eve dans le Jardin d'Eden, nus comme des vers." 

Elle est décrite comme une « icône subliminale du monde du fétichisme depuis soixante années », et elle  est l'objet d'une « merveilleuse bande dessinée ».

Sa fin de vie est difficile. Elle est atteinte de délires et d’hallucinations auditives dues à la schizophrénie paranoïde. Elle poignardera sa logeuse de vingt-sept coups de couteau.

Elle est le symbole érotico-libertaire  de nombreuses générations.  J’ai trouvé un graph d’elle sur le mur d’un bar à Dieppe, en décembre 2020.

 

La vie de Bettie Page était remplie de mythes cultes, de mystère et de tristesse. Son image a capturé 
l'imagination d'une génération avec son esprit libre et sa sensualité sans faille, à une époque de forte 
répression sexuelle. Elle était la pin-up par excellence, clouée sur les murs des casernes et des garages 
militaires; cinq décennies plus tard, certaines féministes la saluent encore comme une pionnière de 
la libération des femmes ( ?, NDLR).

Betty Page
Dieppe  
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Page 63 : trois féministes écrivaines:

 

Jean-Claude Carrière cite le nom de trois féministes qui sont des « auteurs (= autrices, NDLR) vedettes » :

 

Kate Millett :

 

Katherine Murray Millett dite Kate Millett, née le 14 septembre 1934 à Saint Paul et morte le 6 septembre 2017 à Paris, est une écrivaine féministe américaine.

« Sexual Politics » (La Politique du mâle), issu de la thèse soutenue par Kate Millett en 1970 à l'université de Columbia (États-Unis) suscite un véritable engouement dès sa parution. Dans cet essai magistral devenu un classique et désormais disponible en édition de poche, Kate Millett critique la société occidentale en se concentrant sur la dénonciation du pouvoir patriarcal et de la négation du corps féminin à tous les niveaux.  Ce livre qui fit l'effet d'un pavé dans la mare en révélant les injustices sans nombre subies par les femmes contribua par la suite à favoriser le développement des études et recherches féminines au niveau universitaire.

Elle publie « The Prostitution Papers »  en 1973.

« La situation des prostituées est la forme extrême de la situation de toutes les femmes »

 

Shulamith Firestone :

 

Shulamith Firestone, née le 7 janvier 1945 à Ottawa et morte de faim le 28 août 2012 à New York recluse dans son appartement, est une féministe radicale canadienne. Shulamith Firestone a été retrouvée dans son appartement, morte de causes apparemment naturelles, selon le New York Times.

Elle a été une artiste, activiste et théoricienne féministe.

Elle publie "La Dialectique du sexe" en 1970: inspiré des théories marxistes et de l'oeuvre de Simone de Beauvoir.

Dans "Airless Spaces" (Zones mortes), qui a été traduit en français, Shulamith Firestone raconte un monde asphyxié, des vies détruites par la folie.

 

Germaine Greer :

 

Germaine Greer, née le 29 janvier 1939 à Melbourne, est une écrivaine, journaliste, historienne de l'art, universitaire australienne et connue pour être une figure majeure d'un courant du féminisme dit deuxième vague féministe.

Elle fait ses études à Melbourne et à Sydney.

Son  livre, paru en 1970, est « The Female Eunuch » (L’Eunuque féminin). Dans cet essai, la rivalité 
publique de Greer avec Arianna Stassinopoulos est évoquée , avec son séjour en Amérique, ses idées
 et sa politique, et son style d’icône de la mode féministe. 

 

 

Page 186 : l’alcool et les conquêtes des missionnaires :

Jean-Claude Carrière compare la vulgarisation des dérivés de l’opium aux USA avec la pratique « des missionnaires ou des officiers qui faisaient de l’alcool en abordant les peuples qui n’en connaissaient pas l’usage, ni les effets. Assurance de destruction, et par conséquent de conquête. »

 

 

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*José Bergamín Gutiérrez est un acteur, écrivain, poète, dramaturge, scénariste et intellectuel espagnol, né à Madrid le 30 décembre 1895 et mort à Saint-Sébastien le 28 août 1983.

·                    **  « Viva Maria ! »

·                    Réalisation de Louis Malle , assisté de Juan Luis Bunuel, et Volker Schlöndorff.  

·                     Scénario : Louis Malle et Jean-Claude Carrière.  

·                    1965.

·                     

  • ***  « Grand Amour »
  • Réalisateur : Pierre Etaix : 
  • Scénario et dialogues : Pierre Étaix, Jean-Claude Carrière  
  • 1969

 

·                    ****  « L'Insoutenable Légèreté de l'être »

·                    Titre original : The Unbearable Lightness of Being

·                    Réalisateur : Philip Kaufman, assisté de Simon Brook et Robert Kechichian

·                    Scénario : Jean-Claude Carrière, d'après le roman de Milan Kundera

·                    1988

***** « Taking off »

·                    Réalisation : Miloš Forman

·                    Scénario : Miloš Forman, Jean-Claude Carrière, John Guare et Jon Klein.

·                    1971


« Taking off » de Milos Forman, extrait 1.



« Je ne sais pas si le calme des hommes est tellement sympathique » répond Delphine Seyrig.

Interviewée sur le bonheur en 1972, l’actrice n’hésite pas à dénoncer les injustices perpétrées par le sexisme et la domination masculine.

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